Bologna in Lettere 10th – Brice Bonfanti – Postambule

Bologna in Lettere 10th

BĂBÉL

stati di alterazione

 

 

International review of poetry

videopoetry and video-art

 

a cura di Enzo Campi

 

 

 

Brice Bonfanti

 

Postambule

 

(Traduzione Francesca Del Moro)

 

 

 

 

 

Brice Bonfanti, poète-œuvrier. Né Frigau en 1978, Avignon. Sept ans conservateur des manuscrits de Stendhal à Grenoble, et libraire aujourd’hui. Depuis l’an 2000 à Milan, écrit en premier lieu l’un après l’autre des Chants d’utopie, et les dit, psalmodie, en public. Un chapitre par chant est audible sur son site : www.bricebonfanti.com. Les Chants d’utopie sont publiés aux éditions Sens & Tonka, par cycles de neuf chants. Neuf cycles ont été annoncés. Collabore aux revues Catastrophes, Lundi Matin, 591ContrelittératureNunc, L’Intranquille, Phoenix, Sarrazine, Recours au poème, La Revue des Archers, Philos (Brésil), Atelier (Italie)…

Chants d’utopie : troisième cycle, Sens & Tonka, 2021 (à paraître)

Chants d’utopie : deuxième cycle, Sens & Tonka, 2019

Chants d’utopie : premier cycle, Sens & Tonka, 2017

 

 

POSTAMBULE

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Le regard est tout, et le regard fait tout.
Le regard, s’il est changé, change son tout.
Et voici l’ordre célestiel, qui ordonne
le désordre terrestre inversé au ciel,
désordonné par les suppôts de la force
de pesanteur, les causateurs de divorce.
Et voici l’ordre célestiel, qui ordonne
au désordre terrestre inversé au ciel
de s’ordonner : d’image, de lui ressembler.

Mille ans de palimpseste cessent enfin.
Notre effacement n’a duré que mille ans.
La mer de verre congelait, pétrifiait.
Nous l’avons dégelée, la mer routinière,
notre eau vive fixée d’être répétée,
notre eau vive fixée d’être mortifiée.
Fondu le verre, rendue sa motion de mer
par nos cœurs têtus, la mer redevenue
d’eau pure, de source : notre mer est une source,
une infinie, qui anime, protège, délivre,
ne dévore pas : les multiples finis.
Notre mer est un cycle, un maternel cycle,
notre mer à la fois source et mer, ici !

Voici l’empire du pire qui s’inverse
dans le monde à l’endroit, roma convertie,
retournée en Amor, la mort convertie.
Et la ville mondiale, urbi et orbi,
la malignante, écorchante, et possédante
vile ville d’étroite réalité,
l’uniformisante et l’uniformisée,
retournée en sylvilles, mille et mille et mille
fédérées, chacune à l’âme personnelle,
toutes unifiées, formant l’âme commune
formée par leur âme commune : la Commune
tournée vers Amour. En avant vers toujours !

Plus aucune ville capitale, de tête :
plus que des sylvilles capitales, des têtes.
Chaque Commune, sylvillisée, a sa tête,
est une tête, faite de têtes, est en tête,
de la tête aux pieds, reliée à ses pieds.

Chaque nous minuscule découvre un pont
qui le lie à chaque autre nous minuscule,
coforme, en archipel, un Nous majuscule.
Tout nous découvre un pont commun en partage
avec tout autre nous, l’essentiel en partage,
et des accidentels, aussi, en partage.
Et nous redevenons, avec d’autres nous,
coformant un métanous, métanoïaque,
l’humus secret de nos nouvelles forêts,
l’humus secret de forêts archénoïaques,
nos forêts de la nouvelle connaissance,
du fondement, en avant, de renaissance.

 

POSTAMBOLO

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Lo sguardo è tutto, e lo sguardo fa tutto.
Lo sguardo, se è mutato, muta il suo tutto.
Ed ecco l’ordine celestiale, che ordina
il disordine terrestre inverso al cielo,
disordinato dai devoti della forza
di gravità, artefici di divorzio.
Ed ecco l’ordine celestiale, che ordina
al disordine terrestre inverso al cielo
di ordinarsi: dall’immagine alla somiglianza.

Mille anni di palinsesto infine cessano.
La nostra cancellazione è durata solo mille anni.
Il mare di vetro congelava, impietriva.
Noi l’abbiamo scongelato, il mare abitudinario,
la nostra acqua viva fissata nella replicazione,
la nostra acqua viva fissata nella mortificazione.
Fuso il vetro, reso il suo moto di mare
dai nostri cuori cocciuti, il mare ridivenuto
d’acqua pura, di sorgente: il nostro mare è una sorgente,
una infinita, che ravviva, protegge, libera,
non divora: i molteplici finiti.
Il nostro mare è un ciclo, un ciclo materno,
il nostro mare insieme sorgente e mare, qui!

Ecco l’impero del peggio che si rovescia
nel mondo diritto, roma convertita,
invertita in Amor, la morte convertita.
E la città mondiale, urbi et orbi,
la maligna, scorticante e possidente
città abietta di ristretta realtà,
l’uniformante e l’uniformata,
rivoltata in urboschi, a migliaia a migliaia
federati, ciascuno con un’anima personale,
tutti unificati, formanti l’anima comune
formata dalla loro anima comune: la Comune
voltata verso Amore. Avanti verso sempre!

Più nessuna città capitale, alla testa:
solo urboschive capitali, solo teste.
Ogni comune, urboschivo, ha la sua testa,
è una testa, fatta di teste, è in testa,
dalla testa ai piedi, collegata ai suoi piedi.

Ciascun minuscolo noi scopre un ponte
che lo lega a ogni altro minuscolo noi,
coforma, in arcipelago, un Noi maiuscolo.
Ogni noi scopre un ponte comune condiviso
con ogni altro noi, l’essenziale condiviso,
e anche degli accidentali condivisi.
E noi ridiventiamo, con altri noi,
coformando un metanoi, metanoico,
l’humus segreto dei nostri nuovi boschi,
l’humus segreto dei boschi archenoici,
i nostri boschi della nuova conoscenza,
del fondamento, avanti, di rinascita.

(Francesca Del Moro)